Appelé à commenter ce mercredi soir, 20 décembre 2023, sur France 5, dans l’émission C à vous, les déclarations de la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, qui a annoncé une « procédure disciplinaire » concernant la Légion d’honneur de l’acteur Gérard Depardieu, le président de la République, Emmanuel Macron, a estimé qu’elle s’était « avancée un peu trop ».
Il a par ailleurs affirmé que la Légion d’honneur est un Ordre qui n’est « pas là pour faire la morale », façon de balayer la question d’un éventuel retrait de la distinction à l’acteur. « Je me méfie des emballements », « il y aura toujours des artistes transgressifs », « il faut respecter un peu nos règles », a encore lancé le chef de l’État. L’acteur avait reçu la Légion d’honneur des mains de Jacques Chirac en 1996.
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« Je suis un immense admirateur de Gérard Depardieu »
« Est-ce que Gérard Depardieu fait honte à la France, comme l’a déclaré la ministre de la Culture ? », a demandé la journaliste Anne-Élisabeth Lemoine au président. « Je suis un immense admirateur de Gérard Depardieu, c’est un immense acteur. Un génie de son art. Il a fait connaître la France, nos grands auteurs, nos grands personnages dans le monde entier (…) il rend fière la France. Ce n’est pas sur la base d’un reportage (NDLR : en référence à l’émission Complément d’enquête du jeudi 7 décembre 2023 sur France 2 dans lequel le monstre sacré du cinéma français multiplie les propos misogynes et insultants en s’adressant à des femmes) qu’on enlève la Légion d’honneur à un artiste », a-t-il répondu.
Et le président de la République de poursuivre : « Dans nos valeurs, il y a la présomption d’innocence. Je déteste les chasses à l’homme. Quand tout le monde tombe sur une personne, sur la base d’un reportage, sans qu’il ait la possibilité de se défendre… Les procédures judiciaires suivront leur chemin. »
« Inattaquable sur les violences faites aux femmes »
Se disant « inattaquable sur les violences faites aux femmes », il a affirmé qu’il continuera « à se battre, mais je veux que ça se fasse dans le bon ordre ».
Si à chaque fois que quelqu’un vous accuse du pire et que vous avez un rôle public, que vous ne pouvez plus rien faire, c’est l’air du soupçon, ce n’est plus une démocratie. Nous ne sommes plus des citoyens libres. Si, ensuite, il était condamné, à ce moment-là, il y aura une procédure. Cela ne se fait pas sur la base de "on dit", d’atmosphère…
L’acteur Gérard Depardieu est mis en examen depuis 2020 pour viol, après une plainte de la comédienne Charlotte Arnould. Une deuxième plainte pour agression sexuelle a été déposée par la comédienne Hélène Darras, pour des faits a priori prescrits remontant à 2007 sur un tournage. La journaliste et écrivaine espagnole Ruth Baza a annoncé ce mardi 19 décembre avoir déposé plainte en Espagne contre l’acteur français pour viol pour des faits remontant à 1995 à Paris.
« Je n’ai pas assez d’un tweet pour dire à quel point c’est indigne »
« Une insulte au mouvement de libération de la parole des victimes de violences sexuelles », a commenté la députée écologiste Sandrine Rousseau sur X (ex-Twitter). « Les violences faites aux femmes, grande cause du quinquennat… Ce président ne croit à rien de ce qu’il annonce quels que soient les sujets », a réagi de son côté Olivier Faure, premier secrétaire du PS.
Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, a aussi fait part de son ressentiment : « Rien ne va dans les propos du président en ce qui concerne Depardieu. Je n’ai pas assez d’un tweet pour dire à quel point c’est indigne, abject pour les victimes et anachronique.»
La statue de cire du célèbre acteur a été retirée ce lundi 18 décembre du parcours de visite du musée Grévin à Paris. La décision de retrait avait été prise « devant les réactions négatives des visiteurs (en passant devant le personnage de cire de l’acteur), ainsi que sur nos réseaux sociaux », selon l’établissement.
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