La sortie du premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui a qualifié de « minable » le départ de Gérard Depardieu en Belgique pour échapper à la fiscalité, n’a pas plu a l’intéressé. Dans une lettre ouverte adressée au premier ministre et publiée dans le  « Journal du Dimanche », le héros du cinéma français annonce qu’il « rend » son passeport français.

Cette lettre, adressée à « M. Ayrault Jean-Marc, Premier ministre de M. François Hollande » commence par un : « Minable, vous avez dit 'minable' ? Comme c'est minable ! ». L’acteur y explique qu’il « ne demande pas à être approuvé » mais « au moins être respecté ! ».
« Tous ceux qui ont quitté la France n'ont pas été injuriés comme je le suis (…) Je n'ai jamais tué personne, je ne pense pas avoir démérité, j'ai payé 145 millions d'euros d'impôts en 45 ans, je fais travailler 80 personnes (...) Je ne suis ni à plaindre ni à vanter, mais je refuse le mot 'minable' », explique-t-il. Et de conclure : « Je vous rends mon passeport et ma Sécurité sociale dont je ne me suis jamais servi. Nous n'avons plus la même patrie, je suis un vrai européen, un citoyen du monde, comme mon père me l'a toujours inculqué ».

Cette surprenante annonce a agacé de nombreux acteurs de la vie politique. La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti s’est dite « scandalisée » ce matin sur « BFMTV ».
« La citoyenneté française c'est un honneur, ce sont des droits et des devoirs aussi, parmi lesquels le fait de pouvoir payer l'impôt. Payer l'impôt dans son pays, participer à l'effort national face à la crise économique, c'est un acte de patriotisme », a-t-elle estimé.

« On ne choisit pas son passeport en fonction de sa feuille d’impôt »

Le numéro 1 du Parti socialiste, Harlem Désir est lui aussi monté au créneau. « Dans un moment de crise, où on demande des efforts, (…) on attend des grandes personnalités qu'elles soient là, qu'elles restent sur le bateau, ce n'est pas parce que c'est la tempête qu'on part ailleurs », a-t-il déclaré sur France 3. « On ne choisit pas son passeport en fonction de sa feuille d'impôt », a-t-il ajouté. Et de conclure : « Gérard Depardieu a laissé entendre que le cinéma français lui devait beaucoup, c'est vrai, mais il doit aussi beaucoup aux Français, au public français ».