Daniel Auteuil revient en force avec «le Brio» : «Le bon temps, c'est maintenant»

A 67 ans, Daniel Auteuil excelle dans « le Brio ». Rencontre avec un artiste toujours enthousiaste.

Dans « le Brio », Camélia Jordana campe une étudiante qui rêve de devenir avocate. Son professeur de droit, Pierre Mazard (Daniel Auteuil), d’abord agressif à son égard, va l’aider à se préparer pour un concours d'éloquence.
Dans « le Brio », Camélia Jordana campe une étudiante qui rêve de devenir avocate. Son professeur de droit, Pierre Mazard (Daniel Auteuil), d’abord agressif à son égard, va l’aider à se préparer pour un concours d'éloquence. David KOSKAS

    Il revient en force. Avec brio. Comme le nom du cinquième long-métrage d'Yvan Attal qui sort ce mercredi. Dans « le Brio », Daniel Auteuil, 67 ans, incarne avec jubilation un professeur d'université jouant avec le feu et la provocation face à son élève, la chanteuse Camélia Jordana.

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    Qu'est-ce qui vous a fait dire oui au « Brio » ?

    Daniel Auteuil. La première fois que j'ai lu le scénario, il n'était pas entièrement abouti, encore un peu bancal, mais j'y ai vu tout de suite deux ou trois éléments dans lesquels j'avais de quoi m'amuser. Pierre Mazard, mon personnage, n'est pas bien dans son époque, mais il garde quand même la foi dans les autres et l'idée qu'il peut leur être utile. Le problème, c'est qu'il appartient à cette catégorie de gens qui ont le sentiment que la libre parole est confisquée. Du coup, malgré ses provocations verbales, on a envie de prendre sa défense.

    Les séquences dans l'amphithéâtre sont impressionnantes. Et vous, qu'avez-vous ressenti ?

    Oui... Lorsque nous tournions, je jouais tous les soirs au théâtre, mais là c'était différent parce que je voulais être crédible pour ces jeunes gens parmi lesquels il y avait des figurants et des étudiants. Nous avons refait plusieurs fois les prises sous des angles différents et je voulais à chaque fois les captiver.

    La bande-annonce du film

    Un autre film, « A Voix haute », de Stéphane de Freitas, est sorti sur le thème de l'éloquence. Qu'en pensez-vous ?

    Je trouve bien que deux films apportent de l'espérance dans ce domaine. Tout cela parle finalement de gens qui ne baissent pas les bras. Et ce qui me plaît aussi, c'est que cette vieille France peut être très utile. Elle tend la main à une nouvelle France qui veut, et c'est bien légitime, prendre sa place. « Le Brio » aurait pu être une success story à l'américaine. Sauf qu'en France, ça dit des choses.

    C'était la première fois que vous rencontriez Camélia Jordana ?

    Oui, mais j'étais présent quand elle avait chanté pour la commémoration des attentats de novembre 2015 (NDLR : le 27 novembre 2015 aux Invalides). Face aux familles et aux blessés, elle a représenté la France. Elle avait quelque chose d'encore plus légitime pour incarner sa génération dans ce film.

    Etes-vous remis de l'échec de « Fanny » et de « Marius » que vous aviez réalisés en 2013 ?

    La preuve puisque je viens de terminer un autre film comme réalisateur (N DLR : l'adaptation de la pièce dans laquelle il jouait, « l'Envers du décor ) ! Oui, c'était un échec, une douleur, mais je me dis que je raconterais sûrement ça d'une autre façon.

    La réalisation est devenue très importante pour vous...

    C'est un besoin que je n'avais pas avant. Il faut tant d'énergie pour faire un film ! Aujourd'hui, ce besoin et cette énergie, je les ai. Ça m'attire, ça me passionne. J'ai toujours le même enthousiasme, le même plaisir et la sensation constante d'avoir la chance énorme de faire ce métier à ce niveau-là. Et même si le monde change, je ne change pas. J'ai toujours considéré que le bon temps, c'est maintenant.

    « Le Brio », comédie française d'Yvan Attal, avec Daniel Auteuil, Camélia Jordana, Yasin Houicha, Nozha Khouadra, Nicolas Vaude... 1 h 35.