LES PLUS LUS
Publicité
Publicité

Série "Mixte" : un casting éclatant

De g. à dr. : Anouk Villemin, Gaspard Meier-Chaurand, Léonie Souchaud, Lula Cotton-Frapier, Baptiste Masseline et Nathan Parent.
De g. à dr. : Anouk Villemin, Gaspard Meier-Chaurand, Léonie Souchaud, Lula Cotton-Frapier, Baptiste Masseline et Nathan Parent. © Éric Garault/Paris Match
Clémence Duranton

Amazon lance une série chorale sur l’année où les filles ont débarqué dans la cour des garçons. Une plongée dans la France des sixties, portée par un casting jeune.

Un air de Sheila résonne à nos oreilles. « Donne-moi ta main et prends la mienne »… 1963 au lycée Voltaire, la rentrée a sonné. Pour la première fois, une poignée de filles va rejoindre ce qui était encore il y a quelques mois une école de garçons. Pour faire vivre ce tournant, Marie Roussin, la créatrice de la série « Mixte », a composé une fresque de personnages fascinants. 

Publicité
"

C’est la première fois que je vois des rôles d’adolescents aussi riches

"

Côté demoiselles, Michèle (Léonie Souchaud), Simone (Anouk Villemin) et Annick (Lula Cotton-Frapier). Regard déterminé, menton haut, les voilà prêtes à en découdre. « La plupart des castings que je passe sont pour la fille de, la sœur de. C’est la première fois que je vois des rôles d’adolescents aussi riches », dit Léonie Souchaud, qui joue Michèle, dont les parents bouchers préféreraient qu’elle arrête les mathématiques pour vendre du saucisson. Sur le champ de bataille qu’elle doit traverser, elle fait de Simone son alliée. « Elle est touchante, drôle. Elle vient d’Algérie, donc il lui faut créer du lien, s’intégrer. Et elle ne se laisse pas marcher sur les pieds », décrit Anouk Villemin avec son charmant sourire. La plus complexe à appréhender, c’est Annick. Blonde sulfureuse et première de la classe. Parfaite pimbêche. « Ce sont souvent les gens les plus antipathiques qui ont l’histoire la plus intéressante », soulève Lula Cotton-Frapier. Car Annick est de ces femmes propulsées dans l’âge adulte avant l’heure, constamment déshabillées par le regard des hommes. « Son corps lui sera toujours reproché. La connaissance, c’est ce qu’elle peut maîtriser. J’ai une histoire similaire à la sienne – la pauvreté, les rapports humains… Comme elle, j’ai essayé de me cacher derrière le savoir. »

La suite après cette publicité
Annick, la bonne élève, et Pichon, le bouc émissaire de la classe.
Annick, la bonne élève, et Pichon, le bouc émissaire de la classe. © DR

Comme le souligne Lula, dans « Mixte », « les filles n’arrivent pas par les hommes. Ce sont elles qui les révèlent ». Parmi ces messieurs, il y a donc Jean-Pierre (Baptiste Masseline), le frère de Michèle, Laubrac (Gaspard Meier-Chaurand) et Pichon (Nathan Parent). Jean-Pierre est le brun ténébreux, grand bosseur toujours en costume. « Il est froid, strict, exigeant parce qu’il veut camoufler ses origines. Ce fils de boucher ne rêve que d’une ascension sociale. Dire que moi, j’étais le dernier de la classe… » Et pour cause : à 11 ans, Baptiste Masseline a été renversé par un policier. Une grande partie de son adolescence, il est resté coincé dans un fauteuil roulant, s’enfermant dans une profonde solitude. « Les gamins de mon âge ne me regardaient et ne m’écoutaient plus. Quand j’ai été mieux, j’ai dit à mes parents que je voulais faire du théâtre. J’ai besoin du regard des autres sur moi pour survivre. »

La suite après cette publicité

Décor, écriture, accessoires... "Mixte" brille par le souci du détail

Pichon, lui, est le gamin maltraité par la meute. Enrobé, trop gentil, réservé, il serait dans une version contemporaine le cliché idéal. Seulement, Pichon dans les années 1960 est le plus moderne d’entre tous, seul mec à accepter de travailler en binôme avec une nana, au grand dam de son conservateur de père. « Malgré lui, il est avant-gardiste, décrit Nathan Parent. Il pose les bases du féminisme en ne faisant aucune différence entre filles et garçons. Il me ressemble. Ce sont le théâtre et le cinéma qui m’ont aidé à être moins timide. » Pour finir, Laubrac est l’orphelin du groupe. « Il vit dans une autre réalité sociale. Il a une force incroyable que je n’ai pas », admet Gaspard Meier-Chaurand, découvert dans « Monsieur Papa » (2011) avec Kad Merad. Pour l’enfant acteur, comme pour la plupart de la joyeuse bande, la scolarité s’est faite en pointillé. « Le regard de mes camarades a changé quand j’ai fait du cinéma. Mon institutrice m’a dit un jour que j’apprendrais bien plus sur un plateau de tournage que dans sa classe. »

Une série à dévorer

Outre cette génération mordante, il y a aussi Nina Meurisse, la nouvelle venue, Pierre Deladonchamps, le surveillant général, autoritaire mais à l’écoute, marié avec la très charismatique Maud Wyler, infirmière scolaire. Tous portent cette série, qui brille par son souci du détail. Les cours de chaque matière ont réellement été rédigés sur les cahiers des étudiants, les costumes des sixties, adaptés habilement à chaque personnalité – le ruban dans les cheveux d’Annick, le cartable de Pichon, la Mob’ de Laubrac, la cravate de Jean-Pierre… Marie Roussin manie la plume avec brio. Tout devrait être cliché mais rien ne l’est, quelques secondes suffisent à planter le décor de la vie des protagonistes, et comprendre le regard acerbe de chacun sur les changements dans l’établissement. « Mixte » est une série d’époque d’une modernité rare, aussi drôle qu’émouvante, aussi réaliste qu’inconcevable. À dévorer.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Lire aussi. "Tyler Rake", dernière bombe d’un Netflix triomphant

Contenus sponsorisés

Publicité