C.M.H.L.B. CARAVELLE
n° 48, pp. 59-68, Toulouse, 1987.
Du folklore rural
au folklore commercial :
une expérience dirigiste au Pérou
PAR
Eve Marie FELL
Université de Tours.
Le folklore fait-il partie, au même titre que les manifestations de la culture savante, d'un patrimoine national ? Si tel est le cas, l'Etat a-t-il le devoir d'en assurer la protection ? Celle-ci est-elle compatible avec l'évolution spontanée du fonds oral et le jeu du marché propre à des sociétés libérales ? Est-il possible — et souhaitable — d'empêcher le fonds folklorique, transplanté dans le milieu urbain et donc coupé de ses bases naturelles, de tourner au grand spectacle populaire ? A toutes ces interrogations, aussi complexes que décisives pour tout chercheur en matière de folklore, le Pérou a tenté, pendant quelques années, d'apporter un début de réponse officielle. L'expérience ne nous paraît pas concluante, mais il est sans doute utile de la rappeler dans la mesure où elle a le mérite de mettre en évidence une problématique de base.
La perception du folklore indigène comme une richesse spécifique faisant partie, à part entière, du patrimoine national peut paraître